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Légionelle > Les traitements disponibles



Il est important de signaler que les traitements de désinfection ne sont efficaces que dans les tronçons en circulation. La maîtrise de la température en tout point du réseau en circulation permet de s’affranchir de tout traitement de désinfection.




Il existe de nombreux traitements sur le marché qui sont classés en fonction :
  • du type d’eau à traiter. En effet, l’ECS relève du code de la santé publique (dispositions relatives aux eaux destinées à la consommation humaine) alors que les TAR ont moins de contraintes, l’eau étant considérée comme industrielle ;
  • de la phase de traitement. Celui-ci peut être préventif (traitement en continu) ou curatif (traitement choc) dans le cas d’un circuit d’eau contaminé.
Les méthodes de traitement sont de trois types : physiques, thermiques ou chimiques. Cependant, les méthodes physiques comme la filtration membranaire ne sont que peu utilisées, en dehors des filtres terminaux (Kim et al., 2002).

Le tableau 3 présente l’ensemble des traitements qui sont autorisés en France pour désinfecter les réseaux ECS.
Produits Utilisation en traitement continu Utilisation en traitement discontinua Utilisation en traitement choc curatifb
Composés chlorés générant des hypochlorites (hypochlorite de sodium ou de calcium, chlore gazeux, hypochlorite de calcium) 1 mg/L de chlore libre 10 mg/L de chlore libre pendant 8 h 100 mg/L de chlore libre pendant 1 h ou 15 mg/L de chlore libre pendant 24 h ou 50 mg/L de chlore libre pendant 12 h
Dichloro-isocyanurates (de sodium ou de sodium hydratés) Non 10 mg/L en équivalent chlore libre pendant 8 h 100 mg/L de chlore libre pendant 1 h ou 15 mg/L de chlore libre pendant 24 h ou 50 mg/L de chlore libre pendant 12 h
Dioxyde de chlore 1 mg/L de chlore libre Non Non
Peroxyde d’hydrogène mélangé avec de l’argent Non 100 à 1 000 mg/L de peroxyde d’hydrogènec
Acide peracétique en mélange avec du peroxyde d’hydrogène Non Non 1 000 ppm en équivalent H2O2 pendant 2 h
Soude Non pH > 12 au moins 1 hd
PROCÉDÉS
Choc thermique 60/50 °C dans le réseau et inférieur à 50 °C dans les pièces de toilette Traitement discontinu : 70 °C pendant 30 min
Filtration membranaire seuil de coupure 0,2 µm Oui Non Non
Tableau 3 : Désinfectants utilisables en France dans les réseaux ECS (circulaire du 22 avril 2002)
a: Les modalités de désinfection préconisées pour les traitements discontinus n’ont été validées que pour de petits réseaux, et les retours d’expériences ne permettent pas de les valider actuellement pour les réseaux de taille plus importante.
b: Les concentrations de désinfectants sont données à titre indicatif. Il faut s’assurer au préalable de la tenue des matériaux avec les types et les doses de désinfectants utilisés.
c: Pour un temps de contact fonction de la concentration et pouvant aller jusqu’à 12 heures.
d: Cependant des précautions doivent être prises pour la tenue des matériaux. Cette solution doit être envisagée en dernier ressort et avec de grandes précautions eu égard au risque encouru par le personnel.


Les traitements thermiques


Les traitements thermiques sont souvent utilisés pour limiter la prolifération de legionella pneumophila dans les réseaux ECS (immeubles d’habitation, établissements de santé et autres ERP, etc.).

En France, le CSHPF dans son rapport sur la gestion du risque lié aux légionelles recommande que la température du circuit soit portée à 70 °C pendant 30 minutes avant qu’il soit entièrement vidangé. Cette procédure de choc thermique est reprise par la circulaire du 22 avril 2002.

Cependant, les chocs thermiques n’ont qu’une efficacité transitoire (Kim et al., 2002 ; Farhat et al., 2010). Thomas et al. (2004) ont constaté que les amibes résistent à des températures de 70 °C et représentent alors des zones refuge pour les légionelles. Par ailleurs, des travaux récents de Mouchtouri et al. (2007) ont montré que les chocs thermiques dans des réseaux ECS pouvaient n’être pas suffisamment efficaces pour éliminer les légionelles à moins qu’ils ne soient appliqués très régulièrement et associés à un traitement chloré. Enfin, il est important de rappeler le risque de brûlure au contact d’une eau traitée thermiquement au regard du temps d’exposition nécessaire pour détruire les légionelles (tableau 4).

Température de l’eau Temps d’exposition
Brûlure profonde de la peau* Destruction des légionelles
70 °C 1 seconde 1 minute
60 °C 7 secondes 30 minutes
50 °C 8 minutes Croissance stoppée
Tableau 4 : Correspondance entre la résistance thermique des légionelles et le risque de brûlure de la peau
* Pour une personne, adulte en bonne santé (valeurs publiées en 1992 par la Société française d’étude et de traitement des brûlures ; le risque est encore plus important pour les personnes fragiles et les jeunes enfants).


Il paraît important de signaler que les chocs thermiques ont un effet mécanique sur les surfaces internes des canalisations. Le DTU 60.1 précise qu’ils sont interdits, pour les tubes en acier galvanisé et il convient, par ailleurs, de vérifier le domaine d’emploi des canalisations de synthèse pour réaliser ces chocs thermiques. Enfin, ces chocs induisent une mise en suspension des particules qui peut provoquer le colmatage des organes de réglage et un stress des bactéries qui se réfugient dans les antennes et les bras morts.

Les traitements chimiques


Plusieurs agents oxydants sont largement utilisés pour désinfecter les eaux destinées à la consommation humaine (tableau 3). Parmi ces produits, ceux à base de chlore sont les plus utilisés pour lutter contre les légionelles dans les réseau d’ECS. En cas de forte contamination, des traitements chocs sont réalisés en injectant périodiquement des concentrations en chlore libre de 15 à 100 mg/L. Après un temps de contact variant en fonction de la nature du produit et de la concentration injectée (tableau 3), le réseau est alors vidangé et rempli avec de l’eau du réseau public.

Bien que le chlore soit le moyen le plus couramment utilisé pour désinfecter les réseaux ECS, il présente aussi parfois des inconvénients. Tout d’abord, la chloration permet un abattement efficace des légionelles, mais ne les éradique pas totalement. Cela s’explique par la présence de Legionella dans les amibes qui résistent à la chloration (Kilvington et Price,1990 ; Thomas et al., 2004) et par le fait que le chlore ne pénètre pas dans le biofilm (DeBeer et al., 1994). La chloration peut aussi entraîner une augmentation de la corrosion des réseaux, ce qui fournit de nouvelles zones de refuges pour les bactéries (Kim et al., 2002).

Les produits non oxydants sont essentiellement utilisés pour traiter les TAR. Ils ne seront pas évoqués dans ce guide.

Quand désinfecter ?


La circulaire DGS du 21 décembre 2010 relative aux missions des ARS dans la mise en oeuvre de l’arrêté du 1er février 2010 apporte des informations aux maîtres d’ouvrage au travers du guide joint en annexe : elle précise notamment que l’interprétation des résultats d’analyse doit être contextuelle, et liste les actions qui peuvent être engagées s’agissant des actions curatives lorsque les objectifs cibles sont dépassés (les quantités de Legionella pneumophila doivent être inférieures à 1000 UFC/L d’eau aux points d’usage à risque [douches notamment] et inférieures au seuil de détection au niveau des points d’usage à risque accessibles aux patients particulièrement vulnérables des établissements de santé).

Extrait du chapitre 9 du guide joint à la circulaire DGS du 21 décembre 2010 : « Les interventions à mettre en oeuvre par le responsable des installations à la suite du dépassement des objectifs cibles sont celles mentionnées dans les circulaires en vigueur : pour les établissements de santé et les établissements sociaux et médico-sociaux d’hébergement pour personnes âgées, ces mesures sont mentionnées dans les circulaires du 22 avril 2002 et du 28 octobre 2005 respectivement.

Pour les autres établissements, il pourra être procédé en fonction de la situation aux actions suivantes :
  1. interprétation contextuelle des résultats d’analyse : vérification de l’origine des écarts par rapport aux résultats d’analyses antérieures, recherche des causes de dysfonctionnement, confirmation du risque ;
  2. restriction des usages à risque (douches, bains à remous, etc.) ;
  3. mesures correctives (entretien) au niveau des installations d’ECS (production ou/et réseaux) ;
  4. renforcement des contrôles et mise à jour de la stratégie d’échantillonnage;
  5. intervention technique pour supprimer l’exposition ; Ces actions sont prises en application de l’article 4 de l’arrêté du 1er février 2010 qui prévoit que, lorsque les seuils en légionelles ne sont pas respectés, « le responsable des installations prend sans délai les mesures correctives nécessaires au rétablissement de la qualité de l’eau et à la protection des usagers ».
  6. Désinfection curative par choc thermique ou chimique : elle ne doit intervenir que si elle est nécessaire, à l’issue de la mise en oeuvre des autres actions, notamment lorsque les mesures correctives n’ont pas été suffisantes pour assurer le rétablissement de la qualité de l’eau.