GuidEnR HQE > Contaminations fongiques en milieux intérieurs > Diagnostic, prévention et traitement > Recherche de critères  
GUIDEnR Haute Qualité Environnementale,
L'information HQE
 
 

 Actualités :  


LES CLES DU DIMENSIONNEMENT

Ouvrages en commande
Photovoltaïque autonome

Photovoltaïque raccordé au réseau





Contaminations fongiques en milieux intérieurs > Diagnostic, prévention et traitement > Recherche de critères



Une partie des facteurs en relation avec le développement des moisissures est décelée dès l’entrée dans le logement considéré.



Le ressenti d’humidité


• Cette sensation est souvent notée dans les maisons laissées fermées pendant une longue période (l’hiver par exemple pour une résidence secondaire). Ressentie dans un logement habité en permanence, elle est le signe évident d’une ventilation insuffisante et à ce titre, devient un indicateur de risque d’insalubrité.
Ce ressenti d’humidité peut être un signal d’alerte d’un dégât des eaux non décelé (fuite d’eau en soussol, inondation,…) et doit donc être considéré avec attention.
L’humidité est, comme cela a été rappelé au chapitre II l’un des principaux facteurs qui favorisent le développement de moisissures sur/dans les supports qui leur sont offerts. L’examen technique du logement et de ses annexes (vide sanitaire, caves, sous-sol,…) permettra de l’évaluer d’une manière objective.
L’environnement immédiat peut également être à l’origine de ce ressenti en raison de l’imprégnation chronique des murs (par exemple écoulement des eaux superficielles perturbé par des contre-pentes, …).

• Ce ressenti subjectif peut être transformé en critère objectif par la mesure de l’hygrométrie relative de l’ambiance dans les conditions habituelles d’occupation. Le chapitre II indique les techniques utilisables et la prudence avec laquelle les mesures doivent être mises en oeuvre et interprétées.

Le facteur odeur


Dès l’entrée dans un logement contaminé d’une manière massive et extensive par des moisissures, l’enquêteur peut ressentir une odeur intense de « moisi » qui disparaîtra après un séjour de quelques minutes dans l’habitat par effet de masque bien connu. Souvent considérée comme une détérioration du confort offert aux usagers, l’odeur de moisi de l’ambiance intérieure, des vêtements,… est évidemment désagréable. Fréquemment corollaire du ressenti d’humidité, elle est aussi à ce titre un indicateur de risque d’insalubrité. Elle permet également de suspecter une infestation par des moisissures peu visibles (à l'arrière de meubles, sous un matelas,…).

La plupart des moisissures émettent des composés organiques volatils (COVm) plus ou moins spécifiques de l’espèce. Les COVm sont des substances à potentialités irritatives au même titre que les COV habituellement recherchés par les chimistes en chimie organique. Leur manque de spécificité est sans doute une des causes de leur non reconnaissance comme facteur d’insalubrité. Certains chercheurs ont tenté d’utiliser ce facteur odeur en employant des chiens renifleurs spécialement dressés à la détection de contaminants fongiques.

• L’odeur a été utilisée comme détecteur de qualité globale d’ambiance par un chercheur danois, le Pr. Ole Fanger. Il a introduit la notion d’OLF (de olfactif), il y a quelques années (3). Selon sa théorie, une personne « standard » crée 1 OLF de bio-effluents. Les autres sources sont également quantifiées en unités OLFS et ajoutées aux bio-effluents. Il en déduit des taux de ventilation pour obtenir une bonne qualité de l’air. Naturellement ce raisonnement n’est acceptable que si aucune source de composé toxique telle que le monoxyde de carbone (inodore par essence) n’est présente. Cependant, l’important est que dans des locaux à pollution non spécifique, l’odeur est considérée comme un indicateur d’insalubrité.

• D’autres chercheurs ont tenté de trouver les COVm spécifiques de la contamination fongique parmi la multitude des COV présents dans les ambiances intérieures. Mais ces recherches ne portent généralement que sur un groupe particulier et non sur la flore fongique globale.

Le facteur visuel


• La présence visible de moisissures a de tous temps été considérée comme l’indication d’un logement mal entretenu. C’est le cas en particulier des contaminations de joints de carrelage ou de baignoire observées fréquemment dans les salles de bains. Les usagers ont quelques difficultés à parler de cette question à autrui et utilisent souvent des subterfuges pour éviter la vision des taches de moisissures (utilisation de masques en carton, de meubles,…). Cela a pour effet de provoquer une amplification du problème à plus ou moins long terme.

Il a fallu attendre une vingtaine d’années pour que la présence visuelle de moisissures soit considérée comme un risque potentiel pour la santé.

Comment peut on transformer un élément éminemment subjectif (aspect visuel) en facteur d’insalubrité ?

Le développement extensif de moisissures est un signe d’humidité excessive et donc d’insalubrité.

Ce désordre peut avoir des causes techniques liées éventuellement à des facteurs individuels.

Il est relativement facile de déterminer les facteurs techniques par une visite approfondie des lieux en s’aidant d’un questionnaire – type, tel que présenté en annexe et d’en tirer des données objectives. Cette visite est essentielle car elle permet à la fois de détecter les sources et de prendre des contacts avec les occupants des locaux.

Les facteurs individuels sont beaucoup plus difficiles à mettre en évidence car ils font partie de la vie privée. Pourtant le comportement inadéquat des occupants et/ou leur mode de vie peuvent à plus ou moins long terme créer les conditions favorables au développement fongique dans un local où les conditions initiales d’habitabilité étaient tout à fait satisfaisantes. Le prix toujours plus élevé de l’énergie, la meilleure isolation des logements, la médiatisation de la pollution atmosphérique, conduisent parfois les usagers à des excès (calfeutrage des ouvrants, absence d’ouverture régulière des fenêtres, obturation des dispositifs de ventilation,…). Seuls des enquêteurs bien rôdés à ce type de problématique pourront être à même de démêler ce qui est dû à des problèmes techniques ou de structure, de ce qui est dû à des comportements individuels.

Il est pertinent de quantifier la contamination.

Prise en compte de la surface contaminée


Il semble évident a priori que le risque d’insalubrité grandit avec l’importance de la contamination. Un joint de baignoire contaminé n’est pas une cause d’insalubrité.

Différents organismes ont déjà élaboré une démarche utilisant la surface contaminée comme critère objectif de risque pour la santé.

Dans les publications américaines et canadiennes, il s’agit d’évaluer la surface totale contaminée par les éléments fongiques, puis à partir d’une grille parfaitement codifiée, d’en déduire les mesures à prendre en matière de protection du personnel et de l’environnement. Ce type de raisonnement est adapté aux conditions d’hygiène en milieu de travail mais peut être repris comme critère d’insalubrité dans la mesure où l’on considère que le risque pour la santé des usagers varie en fonction de l’importance de la contamination. Certes, les personnels sont présumés en bonne santé, ce qui n’est pas toujours le cas des usagers des logements ; par contre, ils séjournent moins longtemps dans des locaux contaminés que les habitants et sont exposés de par les travaux qu’ils mettent en oeuvre à une contamination plus élevée.

Cette mesure des surfaces contaminées serait assez simple à effectuer par des enquêteurs formés et d’acceptation facile pour tout un chacun.

Surface contaminée Evaluation
≤ 0.3 m² Faible contamination
0.3 m² - 3 m² Contamination moyenne
≥ 3 m² Contamination élevée
Critères d’évaluation des surfaces contaminées par des moisissures
Cependant, la prise en compte de la seule surface contaminée n’est pas totalement satisfaisante

D'autres facteurs à considérer


⇒ Les caractéristiques qualitatives des moisissures
Toutes les moisissures n’ont pas les mêmes caractéristiques, que ce soit sur le plan des substances qu’elles élaborent ou de leurs potentialités émissives.

Certaines d’entre elles ont des potentialités allergisantes et/ou toxiques que le seul aspect visuel ne permet pas de détecter. Le degré d’insalubrité du local serait alors minoré, si leur isolement par les moyens appropriés et la détermination de leurs potentialités ne sont pas mis en oeuvre et cela, bien que les contaminants forment une biocénose dont on ne connaît que peu les effets synergiques ou antagonistes.

Il reste que les potentialités allergisantes et/ou toxiques sont des qualités intrinsèques des spores et du mycélium fongiques des souches isolées. Elles ne disparaissent pas dès que l’humidité a disparu et que l’extension de la contamination a été stoppée. L’éradication aussi complète que possible des propagules (spores, fragments) fongiques est donc impérative par les moyens appropriés.

Les moisissures n’ont pas non plus les mêmes potentialités émissives. Celles dont les spores sont de très faible dimension (Aspergillus fumigatus) diffusent rapidement dans l’environnement et pénétrent profondément dans l’arbre respiratoire humain. Les spores de grande taille, de densité élevée ou ayant des caractéristiques particulières de surface (humidité plus ou moins grande), ont quant à elles, tendance à sédimenter rapidement.

⇒ La localisation des taches de moisissures
La localisation des taches de moisissures à hauteur des voies respiratoires d’adultes ou surtout d’enfants, constitue un facteur aggravant. Le simple passage à leur proximité permet par turbulence de l’air, l’envol de milliers de spores, entraînant immanquablement une exposition répétée des occupants.

⇒ La durée d’exposition
La durée d’exposition est aussi à prendre en compte. Respirées à longueur de nuit dans une chambre (cas de murs contaminés près du lit, de matelas humides et fortement envahis), les spores sont directement mises en contact avec l’arbre respiratoire du dormeur ; une personne âgée qui séjourne en permanence dans son logement encourt plus de risque qu’une personne intégrée dans le monde du travail.

⇒ L’immunodéficience des personnes exposées
En effet, l’âge des personnes exposées est également un facteur qui a été formulé dans de nombreuses publications. L’allergie aux moisissures s’acquiert souvent pendant les premières années de la vie.

Il est bien établi que les personnes souffrant d’une immunodéficience médicamenteuse ou pathologique présentent des risques importants si elles sont exposées à des contaminants biologiques. L’aspergillose invasive pour laquelle le taux de mortalité est élevé, est une affection fréquente pour la population sensible.

Ce qui précède indique que l’intégration des moisissures parmi les facteurs d’insalubrité est une évidence mais que l’évaluation objective de la situation demande une formation des enquêteurs à ce type de contaminants. L’utilisation de la grandeur des surfaces contaminées est certes nécessaire mais devrait être accompagnée de commentaires permettant d’en moduler l’importance en matière d’insalubrité, notamment en intégrant le risque lié aux personnes exposées : durée d’exposition, âge et immunodéficience.

A ce titre, les examens des questionnaires, conclusions des rapports d’enquête sur site et de mesurages ainsi que des observations faites au moment des échantillonnages sont une aide précieuse.